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Europe, ne jouons pas avec le feu

L'Europe est par essence une construction fragile. Jouer sur un même instrument une partition à vingt-sept mains relève du miracle, surtout si l'objectif est d'en dégager une parfaite harmonie !



Pourtant depuis sa création l’Europe, quelles que soient les critiques qu'il est toujours possible de lui adresser, l’Union Européenne a réussi à garantir la paix sur notre vieux continent qui n'a cessé de se déchirer au cours de son histoire, et lui a, du même fait, offert une incontestable prospérité.


Mais cette situation ne saurait être tenue pour un acquis définitif. Tout est toujours réversible, et la paix n'a jamais été autre chose qu'un équilibre précaire qui doit, pour perdurer, obliger les gouvernants à une lucidité de chaque instant.

Et cette lucidité ne peut que les conduire à la recherche permanente du consensus ou le rejet de tout clivage profond.

Or pour le militant d'une Union Européenne sans cesse renforcée que je suis depuis le début de mon engagement politique, le comportement actuel de certains "europhiles" m'inquiète pour ne pas dire m'angoisse.


À l'évidence, pour des raisons de politique politicienne, des raisons électorales nationales, certains font prospérer un clivage destructeur entre nationalistes et progressistes. Nourrir cette approche est à la fois coupable et suicidaire.

Coupable car c'est une démarche au fond anti-démocratique et qui s'inscrit donc contre la volonté des peuples. Si certains de ces peuples européens ont choisi des dirigeants politiques populistes pour user d’un langage à la mode, c'est sans doute moins par enthousiasme envers leurs projets que par déception face à une Union Européenne technocratique et tentaculaire qui n'a pas su répondre à leurs attentes légitimes, ou pire qui n'a pas su les écouter. Mettre leurs dirigeants à l'index, c'est faire la leçon aux populations qui les ont élus. C'est à travers une arrogance et une suffisance, pour eux insupportables, les conforter durablement dans leur choix, et à court terme les renforcer par l'arrivée à leur côté de nouvelles populations, venant d'États ayant jusque-là résisté à ce courant. Poursuivre sur la voie d'un renforcement de ce clivage, c'est au bout du compte mener l'Europe au suicide.


Que ceux qui se disent Européens cessent ce jeu dont l'issue ne peut qu'être fatale à l'Union.


La France est un membre fondateur. Plus que d’autres elle a l’obligation de veiller à ce que la construction aux fondations de laquelle elle a beaucoup œuvée, ne s’effondre pas. Son rôle n’est donc pas de jeter de l’huile sur le feu et de jouer les apprentis sorciers. Certes nous avons la responsabilité d’éviter toute dérive qui nous éloignerait des valeurs qui ont présidé à la création de l’union Européenne. Mais pour y parvenir il y a une véritable question de méthode à mettre en œuvre. Et celle qui consiste à admonester, à donner des bons et des mauvais points, alors que même que nous ne sommes pas exemplaires, à vouloir, aux forceps, faire partager un idéal que nous sommes les seuls à prôner, n’est pas la bonne. Elle est même contre-productive.


Essayons plutôt de concentrer l'action européenne sur les sujets qui suscitent l'attente des populations : la protection dans un monde multipolaire instable et angoissant, la prospérité économique et sociale, la promotion de nos valeurs culturelles communes... Autant de sujets sur lesquels la politique de l'Union est au pire inexistant et au mieux illisible ! Et n'oublions surtout pas de "dégraisser le mammouth" pour reprendre une expression inadaptée à l'époque et pour le sujet de son emploi, mais pleinement justifiée quand elle est appliquée à la tentaculaire administration bruxelloise !



Tribune publiée sur le site de l'Opinion le 31 octobre 2018







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